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LE MONDE / SAMEDI 11 NOVEMBRE 2000 / 13
L’APPAREIL politico-militaire du
Grapo, le groupe de résistance anti-
fasciste du 1
er
octobre, un mouve-
ment clandestin espagnol d’extrê-
me gauche, a été entièrement déca-
pité jeudi 9 novembre, en France,
lors d’une opération de police
menée à Paris et en banlieue. En
Espagne, le ministre de l’intérieur,
Jaime Mayor Oreja, s’est félicité de
la coopération franco-espagnole
« qui a prouvé une fois de plus son
efficacité et sa capacité à obtenir des
résultats ».
Sept personnes, de passage à
Paris, toutes de nationalité espagno-
le, ont été interpellées, dont le chef
historique du Grapo, Manuel Perez
Martinez (cinquante-six ans), sur-
nommé « Camarade Arenas ».La
police a également arrêté le chef de
l’appareil militaire, Fernando Silva
San Sande (quarante-six ans), le
chef des commandos opération-
nels, Jose Felipe Lopez (cinquante
ans), le responsable financier de l’or-
ganisation, Jose Antonio Pena Que-
sada (quarante ans), une cadre
importante du mouvement, Isabel
Lalaquet Valdellou (cinquante-
deux ans), et deux femmes apparte-
nant à l’organisation. Dans la soirée
de jeudi, les policiers ont saisi, au
cours des perquisitions, 70 détona-
teurs, un système de mise à feu à dis-
tance avec télécommande, ainsi que
des faux-papiers, de la documenta-
tion et une importante somme d’ar-
gent en pesetas. Les arrestations,
effectuées principalement à Paris,
Montrouge, Boulogne-Billancourt
(Hauts-de-Seine) et Cachan (Val-de-
Marne), ont été menées par des offi-
ciers de la direction centrale des ren-
seignements généraux (DCRG) et
des RG de la préfecture de police de
Paris, de la division nationale anti-
terroriste (DNAT), de l’Office cen-
tral de répression du grand banditis-
me (OCRB) et de la brigade de
recherches et d’intervention (BRI)
de la police judiciaire parisienne.
Les sept personnes interpellées
étaient surveillées depuis une dizai-
ne de jours par les renseignements
généraux, sur la base d’informa-
tions qui leur avaient été fournies
par la Garde civile espagnole. Ces
surveillances ont notamment per-
mis aux enquêteurs d’apprendre, en
début de semaine, que le Grapo
s’apprêtait à diffuser un communi-
qué de revendications de plusieurs
attentats – qui a finalement été ren-
du public mercredi, la veille de l’opé-
ration de police. Une information
judiciaire pour « association de mal-
faiteurs en relation avec une entrepri-
se terroriste » avait été ouverte,
après la diffusion du communiqué,
et confiée au juge antiterroriste
Jean-Louis Bruguière, qui avait aus-
sitôt délivré une commission roga-
toire pour lancer l’opération.
« L’HISTOIRE NOIRE »
Le Grapo avait revendiqué un
attentat qui avait fait des dégâts
mineurs en septembre devant les
locaux du Parti populaire à Madrid.
La veille de cet attentat, trois mem-
bres du Grapo avaient fait irruption
dans les locaux du journal conserva-
teur El Mundo à Barcelone. Ils y
avaient déposé une bombe qui
avait explosé quelques minutes plus
tard, blessant légèrement deux poli-
ciers. Le ministre espagnol de l’inté-
rieur, Jaime Mayor Oreja, a estimé
jeudi soir que le commandement
central de l’organisation était
démantelé. M. Oreja a tenu à « expri-
mer [sa] joie et [sa] satisfaction parce
que, sans aucun doute, le Grapo
appartient à l’histoire noire de la
démocratie espagnole ». Son homo-
logue français, Daniel Vaillant, de
son côté, a remercié « chaleureuse-
ment » les services de la police natio-
nale, estimant que cette opération
représentait « l’aboutissement d’un
travail patient et délicat qui souligne
le professionnalisme des différents ser-
vices de la police nationale et la quali-
de la coopération entre les différen-
tes unités engagées dans le domaine
de la lutte antiterroriste ».
D’inspiration marxiste-léniniste
et essentiellement actif durant les
années 70, avant la fin du franquis-
me, le Groupe de résistance antifas-
ciste du 1
er
octobre était revenu sur
le devant de la scène en mai, avec le
braquage d’un fourgon blindé, au
cours duquel deux convoyeurs de
fonds ont été tués. Les autorités
espagnoles lui imputent 82 meur-
tres depuis 1975.
Fabrice Lhomme
TONY CAMBIN est un policier
scrupuleux qui ne met pas en cause
quelqu’un sans certitudes. C’est ce
qu’il est venu dire, jeudi 9 novem-
bre, à la cour d’assises de Paris qui
juge Boualem
Bensaïd et
Karim Kous-
sa. Islamistes
présumés, les
deux hom-
mes sont
soupçonnés
d’avoir partici-
en 1995 à une série d’actions vio-
lentes alors qu’une vague d’atten-
tats secouait la France (Le Monde
du 10 novembre). Ils sont notam-
ment suspectés d’avoir pris part, le
15 juillet 1995, à une fusillade avec
les forces de l’ordre à Bron, dans la
banlieue lyonnaise, lors d’un banal
contrôle routier.
Tony Cambin était de service ce
soir-là. Il a vu une Seat Ibiza s’ap-
procher du barrage, faire mine de
s’arrêter et repartir en trombe au
moment l’un de ses collègues
s’apprêtait à contrôler l’identité des
passagers. Violemment percuté par
le véhicule suspect, il est griève-
ment blessé. Deux de ses collègues
sont atteints par balles. Selon l’accu-
sation, Boualem Bensaïd et Karim
Koussa étaient dans la voiture avec
un troisième homme : Khaled Kel
kal. Chef présumé de la branche
lyonnaise du réseau de soutien au
GIA algérien, ce dernier sera tué
par des gendarmes, le 29 septem-
bre 1995, près du col de Malval il
était en cavale avec son ami Karim
Koussa.
« Tout s’est passé très vite, se sou-
vient le policier. J’ai vu trois indivi-
dus de type nord-africain. Le conduc-
teur, que j’ai vu de face, avait l’air
grand. Mais, lors de la séance de
tapissage [au cours de laquelle plu-
sieurs personnes sont présentées
au témoin], je n’ai reconnu person-
ne. » Quelques heures plus tôt,
alors que les enquêteurs lui mon-
traient un album photographique,
Tony Cambin avait pourtant arrêté
son regard sur un visage qui, selon
lui, présentait des traits semblables
à ceux du conducteur de la Seat Ibi-
za, mais il ne pouvait être formel.
Rien de déterminant donc, si ce
n’est que l’individu en question figu-
rait bien, à ce moment-là, parmi les
suspects potentiels, pour être l’an-
cien propriétaire de la Seat Ibiza
rachetée par Khaled Kelkal. « Une
coïncidence », explique le policier.
Il faudra attendre près de deux
ans et demi pour que Tony Cambin
ait ce qu’il appelle « un choc ».En
novembre 1997, dans le bureau du
magistrat instructeur, il désigne, sur
album photographique, Karim
Koussa comme étant le conducteur
de la voiture suspecte. Pour confir-
mer ses déclarations, une nouvelle
séance de tapissage est organisée et
le policier confirme. M
e
Jacques
Debray, avocat de l’accusé, s’éton-
ne qu’un laps de temps si long se
soit écoulé avant que son client ne
soit formellement reconnu. «Ce
qui est sûr,cest que durant toute cet-
te période je n’ai jamais vu une photo
de Karim Koussa, ni dans la presse ni
à la télé, indique Tony Cambin. La
seule que je connaisse de lui c’est celle
il est sur un brancard [après la
fusillade du col de Malval] et il avait
un masque d’oxygène sur le visage. À
ce moment-là [septembre 1995], je
ne savais pas qu’il était impliqué dans
la fusillade de Bron. »
« JE NE PEUX PAS ÊTRE FORMEL »
Peu ou prou, les témoignages des
douze fonctionnaires de police qui
suivent Tony Cambin à la barre, se
ressemblent. Il ne manque qu’un
policier à l’appel. Blessé depuis plu-
sieurs semaines, il est bloqué à Mar-
seille et ne peut pas se déplacer jus-
qu’à la cour d’assises. Ce témoin, la
défense de Karim Koussa en a pour-
tant besoin. « Il faut absolument
qu’il soit là, lance l’accusé. Il recon-
naît des faits qui sont en complète con-
tradiction avec ses propres collègues.
Vous n’avez qu’à lui procurer une
ambulance confortable
La cour décide de passer outre et,
à défaut, la présidente Martine
Varin lit les procès-verbaux d’audi-
tion. Le policier, qui était dans l’une
des voitures poursuivant les
fuyards, se souvient très bien du pas-
sager installé à l’arrière de la Seat Ibi-
za et qui tirait par la lunette arrière.
« C’était un jeune homme de type
nord-africain, dira-t-il en
juillet 1998 au juge d’instruction. Je
pensais avoir reconnu Karim Koussa,
mais je ne peux pas être formel. J’ai
pu être influencé car, dans le cadre
de mon service, j’ai eu à assurer sa
garde quand il était hospitalisé, à une
époque je savais qu’il était mis en
examen pour Bron. » Le policier livre-
ra une deuxième explication au dou-
te qui l’envahit trois an après les
faits, une explication lourde de sous-
entendus : « J’avais vu des photos de
Koussa dans différents services de
police à Lyon. Elles ont circulé entre
les mains de mes collègues. »
Acacio Pereira
PROCÈS
Procès des islamistes : la défense souligne les hésitations policières
Mohamed Garne, d’un viol pendant la guerre d’Algérie :
une « victime indirecte » devant la cour des pensions
L’ANCIEN RESPONSABLE natio-
naliste, François Santoni, poursuit
ses mises en cause tous azimuts
dans le dossier de l’assassinat de
son ami nationaliste Jean-Michel
Rossi. Entendu comme témoin, le
30 octobre, par les policiers de la
division nationale antiterroriste
(DNAT) et, le 8 novembre, par le
juge parisien Gilbert Thiel, il a mis
en cause l’inaction du juge antiterro-
riste Jean-Louis Bruguière et du res-
ponsable policier Roger Marion, et
désigné, une nouvelle fois, Charles
Pieri, son rival au sein du mouve-
ment nationaliste, comme le com-
manditaire du meurtre.
L’audition de M. Santoni, ancien
secrétaire national de A Cuncolta
nazionalista, intervient après des
déclarations répétées dans les
médias, dans lesquelles il affirmait
disposer d’informations sur la mort
de son ami M. Rossi.
Il a indiqué que l’un de ses avo-
cats, M
e
Pascal Garbarini, possédait
une lettre adressée par l’avocate
Marie-Hélène Mattéi à Charles Pie-
ri, secrétaire national de A Cuncol-
ta, incarcéré à la prison de Fleury-
Mérogis (Essonne) qui permettrait
de désigner clairement ce dernier
comme le commanditaire du meur-
tre. Dans ce courrier, a-t-il ajouté,
se trouvait une puce téléphonique
permettant à M. Pieri de communi-
quer à l’extérieur au moyen d’un
téléphone portable. Il affirme que
M
e
Garbarini a refusé de transmet-
tre cet envoi mais qu’un autre avo-
cat de Charles Pieri se serait chargé
d’acheminer la puce téléphonique.
Il n’a pas précisé l’identité de cette
personne. Ce téléphone aurait,
selon lui, servi, à Charles Pieri pour
commanditer l’assassinat de Jean-
Michel Rossi.
Par ailleurs, dit-il, le juge antiterro-
riste Jean-Louis Bruguière aurait été
prévenu de l’existence de cette lettre
et de son contenu avant l’assassinat
de Jean-Michel Rossi. Il estime que le
magistrat, faute d’avoir pris les mesu-
res nécessaires fouille de la cellule
de M. Pieri, audition de l’intéres-
sé – serait « complice passif de l’assas-
sinat de Jean-Michel Rossi ». Il a ajou-
que l’actuel numéro deux de la poli-
ce judiciaire et ancien responsable de
la DNAT, au moment des faits, Roger
Marion, disposait de la même infor-
mation que M. Bruguière.
PUCE TÉLÉPHONIQUE
Interrogé par Le Monde, jeudi
9 novembre, M
e
Garbarini a confirmé
la présence d’une puce téléphonique
dans une lettre qui lui avait été con-
fiée afin qu’il la remette à Charles Pie-
ri. « Après avoir découvert que l’on ten-
tait de me manipuler, nous a déclaré
M
e
Garbarini, j’ai refusé de transmettre
ce courrier. J’étais scandalisé et il était
navrant de constater que cette lettre
me mettait en cause personnelle-
ment. » « Cela étant, a-t-il précisé, il
s’agit d’un fait ancien qui date du mois
de novembre 1998, donc bien anté-
rieur à l’assassinat de Jean-Michel Ros-
si, et ce courrier est une pièce du dos-
sier de l’un de mes clients. Il est couvert
par le secret professionnel. A ce titre, je
refuserai toute demande d’explication
et de production du document. »
A ce jour, rien, dans le dossier judi-
ciaire, ne permet d’étayer la thèse de
M. Santoni et d’affirmer qu’une puce
téléphonique a effectivement été
transmise à Charles Pieri. Quant aux
liens existants entre l’assassinat, près
de deux ans plus tard, et les faits évo-
qués par François Santoni, ils lais-
saient, jeudi 9 novembre, les enquê-
teurs sceptiques.
Jacques Follorou
Sept personnes, de nationalité espagnole, ont été
interpellées, jeudi 9 novembre, à Paris et en ban-
lieue. Parmi elles, Manuel Perez Martinez, le chef
historique du Grapo, un mouvement clandestin
espagnol d’extrême gauche. Les arrestations ont
été effectuées par les policiers de la direction cen-
trale des renseignements généraux, qui, alertés
par leurs collègues espagnols, surveillaient le
groupe depuis une dizaine de jours.
IL A MARCHÉ toute la nuit et
est arrivé à l’audience fatigué, ten-
du, et amer déjà. La cour au con-
traire était d’excellente humeur, le
président, un magistrat honoraire
couvert de décorations et à la
retraite depuis quatre ans, devise
gaiement sur le code des pensions
d’invalidité. C’est que la cour régio-
nale d’appel des pensions n’est
pas débordée par le contentieux,
et examinait sereinement, jeudi
9 novembre, le cas d’un pensionné
terrassé par une colique héritée de
l’Indochine. Elle s’est ensuite pen-
chée sur l’histoire infiniment dou-
loureuse de Mohamed Garne,
devenu français par le viol de sa
mère pendant la guerre d’Algérie
(Le Monde du 9 novembre).
« Tout a commencé au sommet
d’un arbre calciné, en août 1959,
pendant une opération de bombar-
dement du général Challe, a expli-
qué doucement M
e
Jean-Yves Hali-
mi. Les militaires ont découvert une
fillette de quatorze ans, et l’ont
ramenée au camp de regroupe-
ment. » Elle s’appelle Khéïra Gar-
ne, est conduite à Theniet El Had,
dans le Tiaret, au sud-ouest d’Al-
ger, où elle est tout de suite violée.
« Ils défilaient toute la nuit, a racon-
té plus tard la jeune femme, j’étais
comme une bête, au bout d’un cer-
tain temps, on ne sent plus la dou-
leur. » Elle tombe vite enceinte et
comme la métropole commence à
s’inquiéter de ces camps, « de véri-
tables camps de concentration »
pour le Figaro de 1959, les soldats
français la frappent pendant des
semaines « pour provoquer une
fausse couche, indique M
e
Halimi,
pour faire disparaître la trace du
viol ».
« FAIRE VALOIR LE DROIT »
Mohamed, rachitique, naît pour-
tant en 1960. Il est placé dans un
orphelinat il se laisse mourir,
part chez une nourrice, qui le frap-
pe et est hospitalisé avec deux frac-
tures du crâne. Adopté, il dort à la
cave, avant d’être renvoyé à l’or-
phelinat. « L’Algérie à l’époque est
un département français, explique
M
e
Halimi, avec une administration
qui fait son travail et nous avons
une abondance de pièces. » Moha-
med a aujourd’hui quarante ans,
vit pauvrement en France avec de
tenaces problèmes psychiatriques.
Et n’a trouvé que le tribunal des
pensions pour que la France recon-
naisse son histoire. « Cette pen-
sion, c’est surtout pour être considé-
comme une victime, a expliqué
son avocat, pour faire valoir le droit
sur la raison d’Etat. »
Le tribunal des pensions militai-
res lui a refusé cette rente le
14 mars. Et, en appel, la commissai-
re du gouvernement a estimé que
c’était à raison. « L’histoire de
M. Garne est particulièrement dou-
loureuse, a admis Maryse Dormet,
mais il n’y a aucune relation directe
et déterminante entre l’infirmité invo-
quée, les troubles psychiatriques et
les actes de violences pendant les évé-
nements d’Algérie. » Elle ne contes-
te pas la réalité du viol, mais Moha-
med Garne n’est qu’une « victime
indirecte ».
M
e
Halimi a insisté, le bébé a été
frappé dans le ventre de sa mère,
« des violences physiques directes
pendant neuf mois ». La cour a
vaguement évoqué la possibilité de
nommer un expert, et a indiqué
qu’elle rendrait son arrêt le
7 décembre. Mohamed Garne avait
depuis longtemps claqué la porte.
Franck Johannès
Meurtre de Jean-Michel Rossi :
François Santoni multiplie
les accusations
Il a été entendu par le juge Gilbert Thiel
Le Grapo, groupe terroriste d’extrême gauche
espagnol, démantelé en région parisienne
La coopération franco-espagnole est à l’origine de l’arrestation de sept personnes, dont le chef historique
SOCIÉTÉ
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